Blog de Rawa-Marie Pichetto
Écriture spontanée, sans fioritures...

Ce blog est un récit.
Le récit de "personnages en quête d'auteur", comme dirait Pirandello...
Il s'agit de passer l'énergie sous forme de mots et d'images avec toute la difficile alchimie du Verbe et de ses diverses articulations.
Alchimie que l'on trouve au théâtre.
Les planches m'ont appris ce mystère incroyable que l'on trouve dans les mots. Ces mots qui nous touchent, nous caressent, nous procurent du plaisir. Les mots qui parviennent à notre peau, sensuellement parfois. Et nous n'en sortons pas indemnes.
J'emprunte à tout ce monde de la scène - théâtre, cirque, danse, théâtre dansé, ... - sa magie, afin qu'il en tombe par-ci et par-là...


En contrepartie du "chapeau" de ce blog (la citation de Paul Valéry), je pense à ce poème de Charles Baudelaire dans les Fleurs du Mal :

'Correspondances'
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

jeudi 30 mars 2017

J'ai envie de te dédier ce poème ce soir, du poète colombien Alvaro Mutis et notamment quelques vers vers la fin...

Sonate


Pour les arbres brûlés après la tourmente.
Pour les eaux boueuses du delta.
Pour ce qui demeure de chaque jour.
Pour le petit matin des prières.
Pour ce que recèlent certaines feuilles
dans leurs veines couleur d'eau
profonde et sombre.
Pour le souvenir de ce bonheur bref
et déjà oublié
qui fut mon aliment de tant d'années sans nom.
Pour ta voix de nacre rauque.
Pour tes nuits où transite la vie
en un galop de sang et de rêve.
Pour ce que tu es aujourd'hui pour moi.
Pour ce que tu seras dans le tumulte de la mort.
Pour cela je te garde à mon côté
comme l'ombre d'un illusoire espoir. 

Je m'étais beaucoup arrêtée sur " Pour ce que tu seras dans le tumulte de la mort" et " Pour cela je te garde à mon côté comme l'ombre d'un illusoire espoir.". 
Ces mots me parlent profondément... Le " tumulte de la mort " est ce fracas terrible que tu as laissé derrière toi. Ce silence assourdissant. 

Et cette "ombre d'un illusoire espoir". Oui, parce que tu es toujours un espoir pour moi... L'espoir de ton ombre, ton esprit qui flotte dans ma tête. Les mots que tu m'as laissés, ta voix, ... 
Mais ma mémoire est fatiguée, très fatiguée. Je n'arrive plus à vivre. Je n'arrive plus à aimer, car j'ai peur. J'ai peur de ces distances, de cette impossibilité d'aimer, puisque ceux que j'aime sont loin. 

J'écris ici, car je ne peux plus dire cela à personne. Car cela ne peut plus se dire. Cela devient et doit devenir fiction, imaginaire, pour être partagé. 
C'est dur et lourd. Il faut que cela devienne une histoire... Dans l'histoire, on existe sans exister. On existe sans peser. Il y a la protection par la distance. Par la virtualité, par l'imaginaire. Il n'y a ni chair ni os. Il y a soit un papier dans un livre qu'on ferme lorsqu'on l'a terminé. Soit un bouton où on clique sur "fermer". Et on revient à notre quotidien. Comme moi lorsque je ferme cette page, et je reviens à ma "vie". 
Laquelle des deux est la plus réelle...?! C'est cette hésitation entre les deux qui me transforme en un être qui choisit le silence pour parler : celui de l'écriture. 

Tu m'envoyais souvent cette photo lorsqu'on se disait parfois "bonne nuit" par mail :)
Bonne nuit !







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